À force de faire la sourde oreille, le département de la Dordogne a fini par se la faire tirer. Le 16 avril, la cour administrative d’appel de Bordeaux a condamné la collectivité à près de 1,4 million d’euros de pénalités. Il était reproché à celle-ci de ne pas avoir détruit les éléments déjà construits du chantier de la déviation controversée — et annulée — de Beynac-et-Cazenac.
Ce dossier a commencé à diviser la vallée dès les années 1990. Le contournement routier de Beynac, une bourgade aux 500 âmes et au château médiéval haut perché sur les falaises, devait désengorger et sécuriser la commune. Seulement, les opposants n’ont cessé de dénoncer les conséquences irréversibles d’un tel projet sur la biodiversité. Débuté en 2018, le chantier a finalement été annulé par la justice fin 2019, faute de pouvoir respecter la législation sur les espèces protégées.
Et si le département avait à charge de démolir les piles de pont que les ouvriers avaient déjà commencé à bâtir… voilà cinq ans qu’elles trônent au beau milieu de la rivière. La juridiction bordelaise a donc prononcé le 16 avril la liquidation partielle de l’astreinte journalière, initialement fixée à 5 000 euros, en l’abaissant à 4 000 euros par jour pour « tenir compte des démarches engagées par le département ». Autrement dit, une fois multiplié par les 263 jours de retard, une somme finale de 1 052 000 euros.
La liquidation d’une autre astreinte, cette fois-ci de 3 000 euros par jour, a par ailleurs été prononcée pour les 127 jours de retard concernant la démolition d’une route adjacente au projet. Le chèque grimpe ainsi de 381 000 euros supplémentaires. Au total, le département a donc été condamné à payer près de 1,4 million – 933 000 euros seront versés à l’État, et le reste à des associations et riverains. « C’est totalement injuste, a réagi Germinal Peiro, le président socialiste du conseil départemental. C’est la condamnation d’une collectivité qui essaie de régler des problèmes de sécurité pour ses concitoyens. »
